Le livre des courtisanes. Archives secrètes de la police des mœurs 1860-1870

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Voilà un gros ouvrage qui intéressera en priorité les historien-ne-s. Gabrielle Houbre a rassemblé les notices issues du registre des femmes soupçonnées de prostitution clandestine et fichées par les agents des Mœurs dans les années 1860-1870. Plus de 400 femmes, celles que l’on appelait les « cocottes », filles du peuple et femmes du monde, sont répertoriées.

On croise des demi-mondaines comme Blanche d’Antigny, l’une des inspiratrices de Zola pour le personnage de Nana, et beaucoup d’actrices, notamment Sarah Bernhardt. A travers le quotidien de ces femmes et leur représentation stéréotypée, se lit la présence envahissante de la police des mœurs.

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Mais d’autres personnages apparaissent ici : des hommes.

Gabrielle Houbre montre que les registres policiers sont aussi destinés à alimenter des dossiers compromettants sur des personnalités du monde de la politique, de la diplomatie, de l’armée, du négoce et de la finance, de la haute fonction publique, des arts et spectacles, de la presse …

On se demande d’ailleurs quel homme n’est pas à l’époque « client » des prostituées à voir la longue succession de noms de ministres, généraux, banquiers, hommes de lettres, artistes, industriels, princes et autres ducs.

Nul ne semble en réchapper, ni Napoléon III, ni Offenbach, ni Dumas fils. Une vision inhabituelle du Second Empire et des premières années de la Troisième République.

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.