Les machos expliqués à mon frère

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La méthode et le ton ont une valeur pédagogique indéniable : Les machos… survole en toute simplicité les principaux crédos féministes et présente quelques uns des acquis progressistes obtenus par le passé, du droit de vote à la reconnaissance pénale et sociale du viol.

Clémentine Autain est une femme politique et une féministe, co-directrice du mensuel Regards, conseillère de Paris chargée de la jeunesse de 2001 à 2008. Voici 10 ans, elle lança Mix-Cité, un mouvement féministe qui se fit connaître en protestant contre l’utilisation de « mannequins vivants » dans les vitrines des Galeries Lafayette.

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Auteure de plusieurs ouvrages, dont Alter Egaux, invitation au féminisme (Laffont, 2001) et Les droits des femmes : l’inégalité en question (Essentiels Milan, 2003), Clémentine Autain publie Les machos expliqués à mon frère dans la célèbre collection du Seuil. Comme le veut l’usage dans cette série des grands sujets de société « expliqués à… », l’ouvrage prend la forme d’un supposé dialogue entre Autain et son frère cadet.

La méthode et le ton ont une valeur pédagogique indéniable : Les machos… survole en toute simplicité les principaux crédos féministes et présente quelques uns des acquis progressistes obtenus par le passé, du droit de vote à la reconnaissance pénale et sociale du viol.

Quoique abordée dans le chapitre « Combats féministes », la prostitution n’intervient qu’à titre d’exemple pour illustrer les désaccords au sein des féministes. Autain décrit brièvement les présupposés des positions abolitionniste et rêglementariste, affirmant un peu vite qu’ils partagent une exigence minimale, le refus de la criminalisation des personnes prostituées.

Si c’est en effet une revendication abolitionniste fondamentale, en revanche, on sait bien la répression qui frappe les personnes prostituées en pays réglementariste : pourchassées par la police dès lors qu’elles sont sur le trottoir et non pas dans le bordel prévu pour, ou quand elles tentent de se soustraire aux inutiles et humiliantes « visites médicales », ou lorsqu’elles refusent de « s’encarter »…

L’-ex « candidate à la candidature » des « collectifs antilibéraux » aux présidentielles de 2007 déçoit en ratant l’occasion de dénoncer le travestissement en exercice de liberté sexuelle d’une des plus graves violences faites aux femmes, pour alimenter une industrie aux vastes profits idéologiques et financiers.

Ainsi, au sujet des hommes de plus en plus nombreux à être prostitués, Autain ne décèle qu’un effet collatéral du brouillage des identités sexuées, là où une lecture critique de la prostitution en tant que marché pointe plutôt une diversification de ‘l’offre’ proposée aux ‘acheteurs’.

De ceux-ci, « clients » ou prostitueurs, on ne saura rien. Un homme qui va voir une prostituée, c’est un macho?, demande le petit frère. On peut le dire comme ça, répond Clémentine Autain, conciliante. « On » aurait pu le dire moins superficiellement.