Prostitution et dignité

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Sous couvert de philosophie, un plaidoyer partial, qui ne dissimule pas son peu de fondement empirique.

Évitons tout suspense: la conclusion de cet ouvrage est que le réglementarisme est le seul système à pouvoir rendre dignité et liberté aux personnes prostituées.

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Comment Norbert Campagna en arrive-t-il là ? En interrogeant la prostitution sous un angle philosophique, c’est-à-dire sans a priori et en faisant abstraction d’un large pan de la réalité empirique du phénomène.

Malheureusement pour la philosophie, les erreurs de raisonnement et stratagèmes de manipulation du discours sont légion.
On trouve ainsi :
– des a priori : De même que pour tous les biens matériels, le rapport sexuel…
– des contradictions: Je propose la définition suivante du rapport prostitutionnel et plus loin Je ne veux pas discuter sur les mots, libre à chacun de parler de prostitution là où il veut
– des références à l’extrémisme pour mettre le « bon sens » de son côté: certaines féministes[Qui sont ces « féministes »? Elles ne seront pas nommées. À propos de la caricature du discours féministe, lire par exemple sur le site des Chiennes de Garde : [Andrea Dworkin ne croit pas que tout rapport sexuel hétéro est un viol.]] vont même jusqu’à affirmer que le rapport hétérosexuel est un viol.
– des exagérations: Créer une situation où elles ne trouveront pas de clients [modèle suédois] équivaut, en l’absence de politiques ciblées, à les condamner à mourir de faim.

Il y a certes abstraction d’un large pan de la réalité empirique — les inconvénients du modèle hollandais ne sont pas abordés — mais pas de toute : ceux du modèle suédois, si.

Mais laissons Campagna défendre le réglementarisme jusqu’au bout :

Il faut qu’elles [les personnes souhaitant se lancer dans l’activité de la prostitution] sachent dès le début qu’elles risquent de se faire agresser par des clients, que certains clients les traiteront avec le mépris le plus total, qu’elles pourront un jour devoir faire face à un proxénète qui fera tout pour les contrôler et pour les exploiter, (…) que leur situation pourra conduire à une dépression, à la prise de substances calmantes ou psychotropes pour résister au stress, etc. Ce sont là les risques du métier, des risques qu’une législation adéquate et adéquatement appliquée peut certes minimiser, mais qu’elle ne réussira jamais à écarter complètement. 

On est conquis.