Proxénétisme aggravé : selon que vous serez puissant ou misérable…

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Six mois de prison ferme, une inscription au fichier des infractions sexuelles, des milliers d’euros à verser en dommages et intérêts… Une jeune fille de 19 ans, L., a ainsi été condamnée par le tribunal correctionnel de Lorient le 3 juillet 2015 pour proxénétisme aggravé. A l’issue du verdict qui touche cette toute jeune femme au parcours fracassé, on ne peut s’empêcher de penser à la confortable relaxe des messieurs du Carlton, et notamment à « Dodo La Saumure », nettement plus chanceux…

La jeune fille ne nie pas les faits, survenus en 2014 mais très brefs puisqu’ils n’ont pas excédé deux semaines. Certes, elle a initié deux autres jeunes filles, mineures, à la prostitution et posté des annonces sur des sites spécialisés. Mais son itinéraire n’est pas précisément celui d’une personne née du bon côté de la barrière : placée en foyer à 16 ans, en fugue en compagnie d’une autre mineure du même établissement, prostituée à Paris, accro à la cocaïne puis approchée par des djihadistes tunisiens qui la persuadent, via les réseaux sociaux, de partir pour la guerre sainte.

Pour Marie-Renée Jamet, de la délégation du Mouvement du Nid du Morbihan, le procès a été digne et équilibré : La qualité de victime de L. a été soulignée. Elle salue au passage l’avocate de la jeune fille, Maître Lozachmeur, qui, à la différence de l’avocate de la partie civile qui n’a pas eu un mot de compassion, a tenu à marquer une distinction. Pour elle, la prévenue n’est pas une proxénète mais une enfant perdue qui a commis des actes de proxénétisme. Elle a donc demandé une peine légère qui lui permette de se reconstruire. De son côté, le vice procureur a déploré l’absence de certains hommes : ceux qui ont été cités dans le dossier – elle n’était sans doute pas la seule proxénète – et les « clients » de ces mineures, invisibles et à l’abri de toute condamnation.

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L. a accepté le verdict. Sur ses velléités de djihad, elle a indiqué qu’elle était complètement perdue. Inscrite au fichier des infractions sexuelles, elle est condamnée (mais comment paierait-elle) à leur verser 5000 € et 1000 € de dommages et intérêts et à une interdiction de quitter le territoire national pendant 5 ans. Elle a présenté des excuses aux deux jeunes victimes, absentes lors du procès.

A sa sortie à la fin de l’été – elle a déjà passé trois mois en prison -, L. sera suivie par la délégation du Mouvement du Nid. Elle bénéficiera d’un suivi psychologique. Pour la représentante du Mouvement du Nid, qui suit de près les affaires – de plus en plus nombreuses – de prostitution de mineures, un autre procès serait à faire : celui des foyers qui semblent, pour certains, être des pépinières pour les proxénètes…