Pendant ce temps, on assassine!

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C’est un nombre record d’agressions – et même un meurtre – que la délégation de Paris du Mouvement du Nid a relevés en l’espace de quelques jours (fin 2014) à la Porte de Vincennes où elle se rend à la rencontre des personnes prostituées. Elle lance donc l’alarme alors que le Sénat semble tout faire pour enterrer la proposition de loi qui permettrait enfin la mise en place de mesures d’accompagnement et de parcours de sortie pour ces personnes en danger.

Insultes, menaces, vols, coups, coups de couteau, viols… Ces violences répétées sont notamment le fait des « clients » et des rôdeurs et obligent ces femmes à vivre avec la peur au ventre. Le 12 novembre 2014, Porte de Vincennes, une jeune prostituée originaire des pays de l’Est est dévalisée par un homme masqué d’un casque de moto qui la viole en la menaçant d’un couteau sous la gorge. Dans la nuit du 14 au 15 novembre, au même endroit, une femme prostituée est tuée à l’arme blanche. Le 18, toujours Porte de Vincennes, une personne prostituée originaire d’Afrique du Nord se fait arracher un œil par un homme lors d’une agression au couteau. Dans la nuit du 3 au 4 décembre, une autre de ces femmes, qui par chance réussit à s’enfuir, est de la même façon menacée d’un couteau par un « client » en scooter qui exige de l’argent et tente de la violer. Encore ne parle-t-on pas ici des simples tentatives de vols qui sont monnaie courante.

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Ces faits, révélés par les personnes que rencontre le Mouvement du Nid sur le terrain mais pour la plupart ignorés de tous (et donc des medias), sont la preuve que la majorité des agressions subies par les personnes prostituées – qui en général ne portent pas plainte ou voient leurs plaintes refusées – ne sont pas répertoriées.

Notre rubrique In Memoriam, qui tente de tenir le triste décompte de ces agressions, viols et meurtres, n’offre donc, par la force des choses, qu’une vision très partielle des faits. C’est dire l’étendue du scandale et l’urgence de sortir du déni de droits dont ces personnes sont quotidiennement victimes et de l’abandon auquel elles sont condamnées.