Campagne nordique baltique : Un modèle de coopération régionale contre la traite

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En 2002 et 2003, huit pays du nord de l’Europe – Pays baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie), Islande, Danemark, Norvège, Suède et Finlande – ont compris que la lutte contre la traite des femmes resterait illusoire s’ils ne parvenaient pas à trouver un moyen de travailler ensemble.

Regroupés, à l’initiative de la Suède, sous la bannière du Conseil nordique des ministres, ils sont parvenus à mettre de côté leurs divergences, voire leurs franches oppositions sur une question centrale, la prostitution. Le talent de Gunilla Ekberg, alors conseillère au ministère suédois de l’Egalité, et pour beaucoup dans cette initiative, a été de trouver une base de travail possible. Elle a donc choisi de s’appuyer sur le protocole de l’ONU sur la traite des personnes[[Protocole dit de Palerme de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, 2000.]], signé par l’ensemble de ces pays, et a axé la campagne autour de pôles a priori consensuels : la prévention, le soutien aux victimes et la répression des trafiquants. Les discussions organisées pour l’occasion ont finalement permis d’aller au-delà et de s’attaquer à des thèmes que l’on aurait cru trop polémiques : en premier lieu, la question des « clients », qu’aborde le Protocole de Palerme, dans son article 9.5, en invitant les Etats à « décourager la demande ». Un certain nombre de pays ont progressé dans l’idée qu’elle constituait une part significative du problème de la traite et ont mieux compris les liens indissolubles existant entre prostitution et traite des femmes. Par ailleurs, les grandes conférences qui ont accompagné la campagne ont également permis de sensibiliser les médias, afin qu’ils cessent de présenter la prostitution comme une activité glamour et rémunératrice. Dans l’élan, un autre projet pilote a vu le jour en 2005, cette fois porté par des ONG comme le Lobby européen des femmes. Les mêmes pays se sont unis pour favoriser l’assistance aux victimes de la traite. Deux exemples d’avancée dans un contexte difficile et surtout de profonds désaccords politiques sur la prostitution. Et donc deux raisons de ne pas désespérer.

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