Laurence : une descente aux enfers

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Essayez de fermer les yeux, juste un instant, et de vous imaginer avoir une vingtaine de rapports sexuels par jour avec des hommes de toutes catégories socio-professionnelles, des petits, des grands, des gros, des maigres, des agressifs, des pervers, des fous, des paumés, des sado-masochistes avec des fantasmes violents. Essayez d’imaginer l’odeur de leur transpiration et de leur sexe, si nauséabonde que rien qu’à l’écrire, j’ai envie de vomir.

C’est vulgaire, c’est choquant, n’est-ce pas? Cela vous dégoûte? Et pourtant, il y a des choses bien plus écœurantes, des choses qui vous traumatisent pour le restant de votre vie, qui vous marquent à jamais, qui vous empêchent de vivre. J’ai fait et subi sexuellement les pires horreurs. Je ne pensais même pas que cela existait.

Coucher avec un homme est une chose mais assouvir les fantasmes les plus avilissants en est une autre. Si vous saviez le nombre d’hommes agressifs, violents, à la limite de la folie et relevant du domaine psychiatrique, que j’ai pu rencontrer ! Pour moi, 2% des clients viennent voir une prostituée pour soulager un besoin physique, en d’autres termes se vider les couilles. Ce qui veut dire qu’au palmarès des détraqués sexuels, il nous en reste … 98% !

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Je me rappelle du deuxième homme avec lequel je me suis prostituée. J’étais tremblante de peur et j’avais l’impression qu’à cet instant précis (moment inoubliable, malgré l’alcool que j’avais bu) mon cœur allait exploser. Je me rappelle de l’écœurement que j’ai ressenti face à ce pervers qui me léchait tout le corps en éjaculant … J’avais envie de le tuer. Au lieu de ça, je me suis tuée.

J’ai fait la morte comme j’avais toujours su le faire durant mon vécu de l’inceste avec mon beau-père, Jacques. Je me disais intérieurement : «Tu peux y aller, mon con, je ne ressens rien, je suis morte».

Je me souviens avoir torturé des hommes qui me le demandaient. Le fantasme d’un de mes clients était que je lui fasse mal en lui écrasant les testicules avec mon pied, armé d’une chaussure à talon aiguille. Il me demandait aussi de lui serrer très fort les testicules avec une cordelette.

Dans la panoplie des monstruosités, je me souviens d’un homme qui me payait uniquement pour être insulté et humilié. D’autres encore me payaient pour jouer ce qu’ils voyaient dans les films pornographiques. J’étais une actrice qui devait se conformer au désir du réalisateur et dire des choses bien précises prévues dans leur scénario.

Il y avait aussi les partouzes où nous étions plusieurs prostituées à répondre aux attentes de plusieurs clients en même temps. Huit femmes sur le même lit… faut-il en raconter plus ? D’autres étaient des voyeurs; des hommes qui aimaient regarder leur femme couchée avec une autre et qui se masturbaient pendant ce temps-là dans le coin de la pièce. Certains arrivaient même avec l’amant de leur femme.

Une nuit, je suis tombée sur un malade mental ; Il a tenté de me tuer en m’étranglant ; Il était convulsé par la haine. Heureusement, je payais très cher un « videur » dont le travail était de me protéger contre tous ces tarés. Si je n’avais pas laissé les clefs à l’extérieur et si je n’avais crié, je serais morte.

Le pire, dans tout ce que j’ai vécu, était de sodomiser certains clients avec un gode en cuir. A chaque fois que je devais enfoncer cet horrible gode dans leur anus, j’avais des malaises physiques insoutenables. Au point de tomber dans les pommes. À chaque client, je me précipitais sous la douche, tellement je me sentais souillée. Humiliée.

J’avais terriblement mal au vagin. Mais le pire, dont je garde un souvenir impérissable, était… l’état de mes dents. J’ai honte d’écrire ce que je vais vous rapporter là… Pour éviter trop de rapports sexuels qui détruisaient mon vagin, à chaque client, je tentais de négocier une fellation. Bien entendu, le client en voulait pour son argent, c’est-à-dire que j’aille jusqu’au bout de cet acte. Le résultat était que j’avais une plaque dentaire impressionnante dont je ne parvenais pas à me débarrasser malgré des brossages de dents répétés.

Même si ce que j’écris vous révulse, c’est pourtant l’exacte réalité…

Laurence prépare un livre relatant son expérience de « survivante de la prostitution ». Ce témoignage en est un extrait. Le publier est une manière de l’accompagner dans son projet.